Second rendez-vous culinaire ( Clarissa )

Pour tous les écrivains la pire chose possible était la page blanche. En tant qu'artiste la page blanche n'effrayait pas Alyx, par contre la feuille blanche la tétanisait. Cela faisait deux jours qu'elle avait beau fixer son canevas rien ne lui venait. Pas la moindre couleur ou silhouette. C'était la première fois en vingt-deux ans d'existence que cela lui arrivait. Elle en avait entendu parler et elle avait constater l'angoisse que cela provoquait chez ceux qui en étaient sujet. Naïvement la jeune Cox s'était toujours pensé au dessus de ça et pourtant, maintenant qu'elle faisait face à une toile blanche la réalité lui paraissait toute autre.

Relevant la tête Alyx chercha Osha des yeux. La petite chienne que son frère lui avait offert quelques temps auparavant dormait tranquillement sur le lit de la jeune femme loin des tracas de sa maîtresse. Rageusement Alyx se leva et alla s'asseoir sur son lit en profitant pour ramener Osha contre elle. Son incapacité à dessiner l'énervait profondément. Ses peintures étaient son unique gagne paint. Elle avait beau vivre chez son frère, la jolie brune espérait pouvoir un jour gagner son indépendance et cela passait par la vente de ses tableaux. Son regard fût attiré par son téléphone qui s'était mit à vibrer. Alyx attrapa le combiné et s'empressa de répondre au message de Clarissa qu'elle venait de recevoir. La jeune femme avait oublié que la rouquine était censé venir cuisiner ses petit gâteaux dans leur cuisine. Sa venue était une distraction que la jeune Cox ne pouvait refuser, elle avait désespérément besoin de se changer les idées et d'arrêter de penser à cette horrible feuille blanche qui la narguait.

La jolie brune plaqua un sourire sur son visage et sorti de sa chambre sans prendre le temps de vérifier l'état de son visage dans un miroir. Alyx se doutait bien qu'elle devait avoir des traces de peintures un peu partout sur elle mais cela ne l'avait jamais dérangé. Elle avait beau de pas peindre, elle possédait quand même la manie de frotter ses pinceaux sur ses mains ce qui amenait inévitablement à la coloration de ces dernière et par la suite de son visage car la demoiselle passait son temps à se gratter le menton ou a essayer de remettre des mèches de cheveux derrière son oreille. Le seul moment ou Alyx prenait un moment our vérifier l'état de son visage était juste avant le repas du soir. Elle mettait un point d'honneur à toujours être présentable face à son frère non seulement car ce dernier respirait la classe mais en plus parce qu'il n'aurait jamais manqué de lui lancer une petite boutade. La jeune femme s'élança donc vers la porte d'entrée et l'ouvrit pour se trouver face à @clarissa boleyn . C'est à ce moment là qu'elle se souvint qu'elle portait son vieux tablier et qu'elle devait sûrement avoir une allure de misérable. Un peu gênée elle regarda la demoiselle avec un regard d'excuse.
" Salut ! Entre ! Fais pas gaffe à ma tête j'essayais juste de peindre .."

Le rire de Clarissa était quand même sacrément communicatif ! Assez pour que la jeune Cox se surprenne à rire d'un rire sincère. Elle s'était emmurée dans une routine du paraître pour éviter d'inquiéter son frère affichant des grands sourires lors des repas, riant de bon coeur et semblant d'humeur légère dès que l'occasion s'en présentait. En vérité la jolie brune était particulièrement déprimée. Tout d'abord la situation avec ses parents qui ne s'arrangeait nullement puis son manque cruel d'inspiration qui rajoutait une couche de déprime le tout saupoudré par une mélancolie qu'elle n'expliquait pas. Néanmoins la présence de Clarissa avait réussi à lui décocher un véritable sourire. Alyx s'en était aperçu lors de leur première rencontre mais, contrairement à elle la rousse paraissait d'une confiance en elle déconcertante, son entrée dans une pièce suffisait à l'illuminer. Alyx, surtout en ce moment, donnait toujours l'impression d'être une petite chose fragile inintéressante et inaccessible. Elle ne faisait rien pour changer soit dit en passant mais seulement parce qu'elle ne voyait pas comment. La jeune Cox avait passé tellement de temps à s'entendre dire qu'elle ne valait rien qu'elle avait réellement finit par le croire et de ce fait avait adapté son comportement. À la remarque de Clarissa, Alyx haussa les épaules.
" À défaut d'avoir de la peinture sur ma toile j'en ai au moins sur le visage !"

Alyx observa curieusement le sac que la pâtissière tenait entre ces mains se demandant ce à quoi le résultat finale pourrait bien ressembler. Sa demande d'avoir des gâteaux le plus colorés possible lui semblait à présent un peu trop vague et surtout impulsive. Mas bon, Clarissa avait l'air déterminé à honorer sa commande et si la demoiselle se sentait capable de satisfaire la commande de la jeune Cox, Alyx n'allait pas l'en empêcher.
" Axton est à son bureau. Il ne devrait pas rentrer avant trois bonnes heures "
Axton étant la raison pour laquelle elle avait rencontrer la jolie rousse, Alyx trouvait normale de la tenir au courant de l'absence de son Don juan de frère. Elle attrapa les vêtements que Clarissa lui tendit et la remercia d'un sourire.
" Y'a pas de quoi. C'était rien du tout "
La jeune femme repensa à leur rencontre quelques jours plus tôt et ne pu s'empêcher de sourire. Si on lui avait dit un jour qu'elle rencontrerait une conquête de son frère de cette manière elle aurait sûrement levé les yeux au ciel en rigolant. Seulement c'était bien arrivé et étrangement la rencontre s'était bien passée. Alyx aurait été en droit de jeter la jeune femme dehors mais elle ne l'avait pas fait et heureusement car aujourd'hui elle allait avoir droit à des biscuits rien que pour elle.
" Archi prête !"

Son attention fût détournée par un bruit de pattes venant des escaliers. Osha venait de descendre et cherchait sa maîtresse. Alyx alla la rejoindre et la prit dans ses bras avant de rejoindre Clarissa.
" Clarissa, je te présente Osha !"
Elle gratouilla le museau de la petite boule de poile qui de son côté en profitant pour faire reposer sa tête sur l'avant bras de sa maîtresse non sans jeter un regard interrogatif vers la nouvelle venue.